Accompagner les agriculteurs pour en finir avec le glyphosate : point d’étape

Le lundi 25 juin 2018

La question de la mue de notre agriculture n’est pas circonscrite à celle de l’interdiction du glyphosate seule. Il est en effet nécessaire de l’aborder de manière globale, en confortant d’une part les professionnels d’un secteur fragilisé par de multiples crises, et d’autre part en accompagnant la transition vers des modèles d’avenir et durables. 

Toujours est-il que ce principe actif, très utilisé dans l’agriculture à l’échelle française et européenne, suscite de nombreux débats au sein des instances européennes, nationales et de la société civile.  

En novembre 2017, la Commission européenne, initialement favorable au renouvellement de l’autorisation de commercialisation de cette substance sur le territoire européen pour 10 ans, a vu une majorité d’États-membres voter pour sa proposition en faveur d’une prolongation de 5 ans. Neuf pays se sont opposés à cette proposition, dont la France, qui soutenait un renouvellement de l’autorisation de 3 ans seulement.  

Dans la continuité de la position défendue par la France au niveau européen, le Président de la République annonçait, le 27 novembre dernier, avoir demandé au Gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour interdire ce principe actif en France dès que des alternatives auront été trouvée et au plus tard dans les trois ans. 

Nicolas Hulot, Ministre d’Etat, Ministre de la transition écologique et solidaire et Stéphane Travert, Ministre de l’agriculture et de l’alimentation ont réuni ce vendredi 22 juin des représentants du monde agricole, de l’agro-alimentaire et de la distribution, ainsi que les acteurs de la recherche et de l’innovation pour s’engager dans la sortie définitive du glyphosate.

Les ministres ont rappelé dans un premier temps le cadre du plan d’action global pour la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires présenté fin avril, avec un objectif de -25 % en 2020 et -50 % en 2025, et la décision du gouvernement de mettre fin aux principaux usages du glyphosate d’ici trois ans au plus tard et d’ici cinq ans pour l’ensemble des usages, tout en précisant que les agriculteurs ne seraient pas laissés dans une impasse.

Le rapport de l’INRA, remis en décembre au Gouvernement, démontre que de nombreuses alternatives au glyphosate sont déjà disponibles dans le cadre de l’agro-écologie, notamment dans les grandes cultures, la viticulture et l’arboriculture qui sont les filières les plus consommatrices de glyphosate.

Pour permettre la pleine mobilisation des filières et un suivi en toute transparence par les parlementaires et les citoyens des progrès accomplis vers la sortie du glyphosate, les ministres ont annoncé :

  • La création d’un centre de ressource d’ici la fin de l’année pour rendre accessible à l’ensemble de la profession agricole les solutions existantes pour sortir du glyphosate.
  • Le renforcement des actions d’accompagnement dans le cadre du programme Ecophyto pour diffuser les solutions et trouver de nouvelles alternatives pour les usages pour lesquels il demeurerait des impasses.
  • La mobilisation des réseaux territoriaux des chambres d’agriculture, et de l’enseignement agricole pour faire connaître et promouvoir les alternatives au glyphosate sur l’ensemble des territoires avec l’appui des CIVAM et des coopératives agricoles.
  • Le suivi des quantités vendues et utilisées des produits contenant du glyphosate afin de faire toute la transparence sur les usages en publiant régulièrement les données et en les mettant à disposition du public.
  • La valorisation de ce travail au niveau européen avec les pays volontaires pour s’engager comme la France dans une sortie rapide du glyphosate. Une première réunion avec ces pays se tiendra en marge du prochain Conseil Agriculture en juillet.

L’animation et le suivi de ce plan d’action sont confiés à une « task force » pilotée par les deux ministères, avec l’appui de l’INRA, de l’ACTA et de l’APCA. Cette équipe rendra compte des actions engagées et des progrès accomplis tous les trois mois aux ministres et aux parlementaires.

Je resterai donc vigilante, avec mon groupe, à ce que tout soit mis en œuvre pour accompagner au mieux les producteurs dans l’objectif d’interdire cette substance dans les trois prochaines années.