Ne pas oublier

au jour le jourLe samedi 11 novembre 2023

« Camarade, je ne voulais pas te tuer. [...] À présent je m'aperçois pour la première fois que tu es un homme comme moi.

J'ai pensé à tes grenades, à ta baïonnette et à tes armes ;

maintenant c'est ta femme que je vois, ainsi que ton visage et ce qu'il y a en nous de commun.

Pardonne‑moi, camarade.

Nous voyons les choses toujours trop tard.

Pourquoi ne nous dit‑on pas sans cesse que vous êtes, vous aussi, de pauvres chiens comme nous, que vos mères se tourmentent comme les nôtres et que nous avons tous la même peur de la mort, la même façon de mourir et les mêmes souffrances ?

Pardonne‑moi, camarade ; comment as‑tu pu être mon ennemi ?

Si nous jetions ces armes et cet uniforme tu pourrais être mon frère […]»

Erich Maria Remarque, combattant lors de la première guerre, raconte ici l’histoire d’un jeune soldat allemand  pris de remords devant la mort d’un soldat français qu’il vient de poignarder.

Surgit après le geste, toute l’humanité du mort et de l’assassin. Le dégoût d’un acte aussi brutal qu’inutile vécu pareillement par des millions de jeunes hommes en uniforme.

Pour les combattants de la Première guerre mondiale, le 11 novembre est un soulagement amer. Les morts par millions, les blessures physiques et morales ont laissé des traces qui parviennent jusqu’à nous sur les monuments présents dans chaque village de France, par le biais des souvenir des survivants immortalisés par les photographies, la littérature, le cinéma. Cette terrible guerre en a engendré une seconde emportant avec elle un flot d’atrocités jamais vues, réveillant les pires passions endormies dans nos sociétés.

Il aura fallu beaucoup de volonté pour que l’Histoire ne se répète pas encore une fois.

Cette volonté c’est l’Europe.

Cette Europe qui nous préserve de la guerre sur notre morceau de continent depuis presque 80 ans.

L’Europe c’est la preuve qu’une guerre n’est jamais éternelle et qu’il existe toujours un espoir de sortir d’un conflit.

Malgré des décennies de vexations, batailles, humiliations, massacres, destructions, que l’on peut faire remonter aux guerres napoléoniennes, la France et l’Allemagne ont fini par faire la paix. L’idée qui a guidé la réconciliation franco-allemande est la suivante : on ne peut trouver la paix avec ses adversaires de toujours qu’à la condition de prendre en compte leurs besoins légitimes. Parce que nous avons vécu les expériences douloureuses, tragiques des guerres sur notre contient la voix de la France et de l’Europe peuvent avoir une résonnance dans le contexte mondial bouleversé que nous connaissons.

Comme le rappelait très justement mon collègue député Jean-Louis Bourlanges lors du débat organisé à l’Assemblée nationale sur la situation au Proche-Orient : c’est à l’Europe de convaincre ceux qui se battent à l’heure où nous parlons, de la pertinence de son logiciel de réconciliation.

Et c’est à la France de convaincre nos partenaires de relever ce défi.

Souvenons-nous de ce que ce qui a été et de ce que nous avons fait.

Membre de la représentation nationale, comptez, sur moi pour me faire la messagère de cette parole de paix.

En ce centenaire de la flamme du soldat inconnu, rappelons avec force notre désir de paix, ici en France, en Europe et dans le Monde.

Cette flamme, souvenir des sacrifices passés, est un symbole fort de transmission de la mémoire.

Le symbole que nous n’oublierons jamais et que nous passerons le relai de cette mémoire commune aux générations qui nous succèderont.

Pour que jamais plus, nous ne commettions les erreurs terribles du passé.